A chaque fois, ça me fait la même
impression.
Ou des impressions plutôt.
Et non, ce n'est pas d'être
entouré de brebis (et autres cochons, vaches, moutons, cerfs,
chevaux...
bref on est à la ferme).
L'impression d'être dans un
endroit refermé, clos.
Pourtant je suis surtout dehors,
en plein air.
Mais y'a des arbres.
Des maisons, des clôtures, encore
des arbres.
Pas de quoi se plaindre me direz
vous.
Ça tombe bien, je ne me plains
pas. Mais alors pas du tout.
C'est juste que la notion d'espace
est très différente, entre être sur terre et sur mer.
Autant le bateau en lui même est
un espace très restreint, resserré, chaud, confortable (ou pas, mais
on essaye, ou on fait comme si) ; un peu comme un cocon
protecteur.
Mais à peine sort on la tête, on
a devant soi, dessous, dessus, derrière, autour L'espace.
La Mer, le Ciel.
Et c'est tout.
Bon, bien quelques cailloux ou
récifs aussi, de temps en temps, mais rien qui remplisse le champ de
vision.
Le
cata lui par contre s'en est bien rempli...
Et ça, je le ressent pleinement à
chaque vrai retour à la terre ferme. Quand je dis « vrai »,
disons après plusieurs jours sans avoir pu poser mon regard sur la
grande bleue.
C'est pas un mal, ni un bien
d'ailleurs, c'est juste différent.
Et ça me fait aussi comprendre
pourquoi j'aime tant être en mer.
Moi qui rêvasse tout le temps,
pense, imagine, réfléchit à toutes sortes d'évasions réelles ou
imaginaires...
En mer, à peine le temps de
regarder au loin, et l'esprit se perd dans le magnifique espace que
l'on a tout autour de soi.
Ou plutôt dans lequel on se
tient, petit bout de chair tentant vainement d'avancer dans un chaos
salé, aidé de morceaux de plastique, résine, ferraille, bois.
L'esprit est ici invité à
voguer, telle l'esquif sur laquelle on se tient.
Et ça, ces moments là, c'est à
dire pas tout le temps mais très souvent, plusieurs fois par jour,
par bouts de 5 minutes comme de plusieurs heures, j'aime.
J'adore même.